Pourquoi avoir choisi le polar, qu’aimez-vous dans ce genre ?
Vous ne trouverez, sur ma table de chevet, que des thrillers psychologiques, des romans noirs ou bien des polars… En tant que lectrice, je ne vibre que pour les intrigues policières. Le choix du polar a donc été une évidence. Mon style est peut-être un mélange de toutes mes lectures. Mon écriture me ressemble. Je vais à l’essentiel, je privilégie l’action et la psychologie de mes personnages. Mes chapitres se terminent par une révélation qui donne envie au lecteur de tourner la page. Écrire un polar est un vrai exutoire. Vous pouvez passer outre tous les interdits, une véritable jouissance !
Quelle est la genèse de J’aurais aimé te tuer ?
Pour moi, il est important que mes romans soient crédibles et réalistes. N’appartenant pas aux forces de l’ordre et n’exerçant pas dans le milieu judiciaire, je ne peux puiser mon inspiration dans ma vie professionnelle. Je nourris alors mon imaginaire en allant chercher l’information là où elle se trouve. Je suis abonnée à des podcasts, je lis la presse et je rencontre de nombreux policiers. Je m’inspire de faits réels et de témoignages, mais mes romans sont à 99 % de la fiction !
L’idée de mon roman J’aurais aimé te tuer est née après l’écoute d’une de ces émissions. Ce jour-là, je découvrais, à travers la voix de Christophe Hondelatte, l’histoire de Robert Pichon. Alors qu’il pensait avoir commis le crime parfait, un couple décide un matin de se rendre au commissariat de leur commune pour avouer le meurtre de leur voisin Robert Pichon. Problème ? Le corps est introuvable et les enquêteurs ne les croient pas…
À la fin de cette histoire aux multiples rebondissements, je me suis dit que j’avais là mon chapitre de départ. Une jeune femme, Laura Turrel, se présente un matin au commissariat de Versailles pour s’accuser du meurtre de son employeur, Bruno Delaunay . Emballée par cette problématique, le reste est venu tout seul.
Dans votre processus d’écriture, vous portez une attention particulière à… ?
… à la crédibilité et au suspense ! Certains auteurs vont élaborer le squelette de leur histoire pendant des semaines avant de se plonger dans l’écriture de leurs romans. Je suis incapable de suivre cette démarche. J’ai un besoin viscéral de me jeter à l’eau dès que j’ai trouvé mon idée. Quand je commence une nouvelle histoire, je connais mes premiers chapitres et la fin, mais je ne sais pas du tout ce qui va se passer entre-temps. J’écris au fur et à mesure. Je ne supporterais pas de tout connaître de mon intrigue et de mes personnages dès le prologue. J’écris comme je lis un livre. Je me mets dans la peau du lecteur. J’ai besoin de me surprendre, d’aller dans des directions où le matin même je n’aurais pas pensé aller. On peut trouver cette technique de travail brouillon. Je vous rassure, vivant avec mes personnages H 24 pendant ma phase d’écriture, la trame reste cohérente… et je me relis de nombreuses fois.
Mes recherches suivent cette même logique. J’effectue mes investigations au fur et à mesure de mon écriture. Par exemple, quand je décide d’écrire une scène qui se passe dans les locaux des gardés à vue au commissariat de Versailles, je ne peux inventer l’endroit. C’est un bâtiment emblématique qui ne pourrait tolérer une erreur dans sa description. Alors avant de me lancer, je navigue sur le web des heures durant. Je visionne des reportages sur le sujet, je lis des témoignages. Quand je sens que je maitrise le lieu, j’attaque le chapitre en question. Je compte en moyenne une heure de recherche pour une page écrite, soit 300 heures de travail d’investigation par roman. Cela peut paraître beaucoup ou peu. Ces phases de recherche ne sont pas laborieuses pour moi. J’apprends tellement de choses, je me nourris de toutes ces informations. Je trouve cela passionnant. Je n’ai pas l’impression de travailler, je m’éclate. Aujourd’hui, avec le recul, je me dis que j’aurais adoré aller en fac de droit… mais je ne serais peut-être pas devenu écrivaine !
Après un duo féminin gendarme/avocate dans votre précédent livre, vous avez choisi un binôme policier masculin pour celui-ci : qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Après cinq romans mettant en scène des femmes, je voulais sortir de ma zone de confort et me mettre en danger. Décrire la psychologie de mes deux héroïnes de coeur, Alexane et Pauline, n’a jamais été un défi. En tant que femme, je me mets dans la peau de mon personnage et j’écris avec mon coeur et mes tripes. Dans J’aurais aimé te tuer, le duo de choc est composé de deux amis flics : Damien Deguire, commandant à la brigade criminelle de Versailles, et son second, le capitaine Jonathan Pigeon. Le premier est marié et vient d’être père, le deuxième est un éternel célibataire. Tout n’a pas été simple. Il y a toujours la crainte de partir dans les clichés, de trop en faire ou pas assez. D’après les premiers retours des lecteurs, je ne m’en suis pas trop mal sortie !
Une habitude d’écriture inavouable ?
La douche ! C’est le moment de la journée où mon esprit est en ébullition. Quand je suis en phase d’écriture, tous mes points de blocage se déverrouillent à cet instant.
Il n’y a pas une journée que je ne passe sans écrire ou sans imaginer mon prochain roman. Mes personnages m’accompagnent en permanence, même sous la douche ! Je suis du matin. Je me lève tous les jours à 6 h. Mon imagination se met en route dès mon réveil. Et la douche est un moment sacré dans ce processus de création. Je suis au calme, seule, sans enfants, sans musique, et mon cerveau bouillonne. Je laisse libre cours à mes idées, je lâche prise, je me remémore les derniers chapitres, je me mets à imaginer la suite… Et souvent, mes meilleures idées de twist arrivent quand je suis en train de me laver les cheveux !